L’Atelier Bernet apporte un soin particulier au travail préparatoire en amont, gage de réussite du résultat final. Après avoir identifié les enjeux d’un tissage en dialoguant avec l’artiste ou le prescripteur, le lissier va dans un premier temps réaliser d’après la maquette  la mise en carton à l’échelle 1 de la tapisserie où sont déjà  imaginées et définies à ce stade toutes les techniques de tissage qui seront mises en œuvre au cours de la phase de tissage à proprement parler et qui se révèleront être les plus pertinentes pour traduire en langage textile toutes les intentions artistiques. Il en va ainsi de la fidélité de l’interprétation tissée qui est faite d’une œuvre.

Vient ensuite l’échantillonnage des couleurs qui fait appel autant à l’expérience qu’à la sensibilité du coloriste qui doit imaginer le rendu des couleurs une fois tissées. Ce travail aboutit à l’élaboration du chapelet de couleurs, véritable outil de référence du lissier. A ce stade nous travaillons en étroite collaboration avec l’artiste qui souvent vient valider le chapelet définitif.

Pour ce qui est du choix des matières, l’Atelier privilégie le plus souvent les fibres naturelles (laine, soie, coton, lin) simples et nobles tant pour leur mise en œuvre particulièrement bien adaptée au tissage que pour leur résistance éprouvée dans le temps et qui participe du caractère intemporel de la tapisserie. Cependant d’autres matières comme le bambou, la rayonne, les fils d’or ou d’argent  peuvent également rentrer dans la composition du tissage pour obtenir des effets particuliers.

Les teintures à l’échantillon sont confiées aux mains expertes des teinturiers de la région.

Seulement alors peut débuter la phase de fabrication avec l’ourdissage et le montage de chaîne, le bobinage des écheveaux de matière et le flûtage des couleurs au cours duquel la matière est transférée manuellement à l’aide d’un rouet des bobines sur les flûtes. Dans toutes ces étapes, les moyens de production entièrement manuels, les outils du lissier qui l’accompagnent sur le métier et les gestes sont restés les mêmes depuis l’origine.

Intervient alors la phase de tissage où est mise en œuvre la technique traditionnelle de tissage de basse lisse, propre à Aubusson-Felletin. Le lissier travaille sur un métier de basse lisse en faisant face le plus souvent à l’envers de l’ouvrage. D’un geste précis, le lissier glisse alternativement sa flûte remplie de matière entre les deux nappes de chaîne pour y déposer la trame.

Une fois le tissage terminé, la tombée de métier  permet de libérer la tapisserie du métier et de découvrir l’endroit du tissage dans sa globalité. C’est à ce moment que la tapisserie prend toute sa dimension et qu’on peut juger du résultat final.

Reste alors à effectuer tout le travail de couture et de finitions.

Chaque tapisserie est authentifiée par son numéro d’édition et par la marque de l’Atelier qui sont tissés en même temps que le reste du tissage. Le « bolduc », cousu au dos de la tapisserie, porte toutes les mentions qui permettent son identification.